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Entretien avec Jorge Avila

Dernière mise à jour : 6 juil. 2019

Le marché n'est pas l'ennemi de la forêt amazonienne, mais son sauveur. Entretien avec Jorge Avila, qui m'a convaincu qu'exploiter les forêts de fon durable peuvent les sauver.

Cet article est le dernier d'une série liée à l'entretien que j'ai eu avec Jorge Avila, Directeur Général de la CFB. Trois sont parus au total.


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Jorge Avila (à gauche)

LE PERSONNAGE


Jorge Avila travaille au sein de la Cámara Forestal de Bolivia (CFB) depuis 28 ans. D’abord avocat, ses convictions de développement durable l’ont poussé à agir en faveur de l’industrie du bois. Aujourd’hui directeur général, il agit au sein des relations entre indigènes et forestiers, et auprès du gouvernement en l’informant des enjeux de la filière au niveau législatif. 



LA BATAILLE DES CONCESSIONS ENTRE L'AGRICULTURE ET LA FORESTERIE


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Terrain déforesté pour l'élevage, dans la région de Santa Cruz de la Sierra

Ces dernières années, la Bolivie a connu un de ses pires taux de déforestation. La faute serait en grande majorité celle des « campesinos », les éleveurs/agriculteurs du pays, qui rasent les forêts pour y cultiver leurs céréales ou élever leur bétail. Beaucoup descendent du massif andin pour utiliser les terres forestières amazoniennes. 

D’après J. Avila, le sol forestier est pauvre pour les cultures. Passées cinq années, quasiment aucune culture n’est de nouveau possible. La terre est alors revendue ou laissée à l’abandon. C’est pourquoi les campesinos grignotent « petit à petit » les forêts : ils ont un besoin constant de nouvelles aires pour produire.

Le gouvernement est aujourd'hui pro-agriculture et souhaite que son pays soit autonome au niveau de l’alimentation. Objectif louable si ce n'était pas en défaveur de la sauvegarde des forêts. Le directeur de la CFB affirme qu’il y a un favoritisme lors de la location de concessions forestières. 

Au niveau de l’absence de filière papier, J. Avila souhaiterai que des plantations soient entreprises sur des terres non forestières. Pour ce type de produits, la Bolivie se voit dans l’obligation de solliciter le Brésil et l’Uruguay pour les importer.

La filière compte principalement sur l’exportation  pour se développer. Actuellement 60 pays importent du bois bolivien, dont Cuba très récemment.



« LE MARCHE N'EST PAS L'ENNEMI DES FORETS »


Pour J. Avila, l’exploitation forestière, par le biais d’une gestion raisonnée et durable, est l’unique moyen aujourd’hui de sauver les forêts dans un pays comme la Bolivie. La législation n’a pas assez d’impact et des terrains sont envahis sans autorisation ni réprimande. D’après lui, si ce n’est pas un exploitant forestier qui obtient la concession, elle est rasée les années qui suivent par des campesinos. Les forestiers semblent ne pas raser la forêt, mais la cultivent plutôt.

Quand je lui pose la question de savoir si ce n’est pas « dangereux » d’exploiter des forêts qui pour moi, devraient être un bien mondial à protéger aux vues du rôle des forêts tropicales pour notre planète, son message est clair :

« Il faut rendre le marché attractif !

En toute humilité, le marché n’est pas le problème pour les forêts naturelles. S’il n’y a pas de marché, les forêts naturelles vont disparaître. Parce que ces zones seront alors occupées par la filière agricole. Dans les pays pauvres comme le nôtre, le concept de légalité est très fragile. En Bolivie, 25 a 30 Millions d’ha sont juridiquement des aires protégées notamment par les parcs. Mais les campeanos s’en fichent. Le parc Amboró en a subit les conséquences et a été abîmé. L’état a dû créer une aire de concession privée en périphérie du parc pour qu’ils exploitent à l’extérieur plutôt qu’au sein du parc même, car les gens allaient y exploiter les bois. Le marché est le meilleur ami des forêts naturelles. Si les indigènes ne peuvent pas tirer profit de leurs forêts, ils ne vont pas en prendre soin ».



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Le parc Amboró est soit dit en passant une très belle réserve (voir photo) où le tourisme se développe petit à petit.


La loi n’est donc pas un frein pour la déforestation. Si c’est une entreprise forestière qui obtient une concession, une gestion durable est mise en place. La faune est d’ailleurs « poussée » à vivre dans ces concessions qui constituent parfois leur dernier refuge, faute de trouver des forêts ailleurs.


« Une étude de Rainforest au début des années 2000 dit qu’au bout de 10 ans dans une concession gérée durablement il y a plus d’animaux qu’avant »

J. Avila pense à 3 maniérées de développer les entreprises forestières :

- Instaurer des normes simples à mettre en place 

- Établir une imposition faible : car la gestion durable est un service rendu gratuitement 

- Une Politique d’état visant au bon fonctionnement de la filière, et qui n’applique pas u favoritisme envers l’industrie agricole 




MA CONCLUSION


J. Avila mène une lutte contre le favoritisme gouvernemental et contre la filière agricole qui grignote les forêts en les remplaçants par des aires de pâturages ou de culture.

Sa lutte est pour moi indispensable, et la CFB doit continuer à mobiliser et promouvoir les entreprises forestières qui gèrent durablement leurs concessions. 

Mais son poids est encore trop faible : l’industrie du bois ne représente que 10 à 20% de la production de bois... 

Au sujet de la corruption, les propos  de mon interlocuteur peuvent être à nuancer, car elle est très présente dans un pays comme la Bolivie. Mais pour ma part, je crois en ce qu’il représente et soutient totalement son organisme et ses actions.

Il m'a convaincu que l'exploitation forestière raisonnée est aujourd'hui, malheureusement oserai-je dire, un des rares moyen de lutter contre la déforestation.



Clément L.

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