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Coup d'oeil sur la filière bois bolivienne

Dernière mise à jour : 17 juil. 2019


La forêt constitue un secteur à fort potentiel pour le développement de la Bolivie. Mais la filière bois bolivienne tire-t-elle la globalité des atouts des forêts de son pays ? Retrouvez ici une description globale de la filière bois bolivienne.


Cet article est le second d'une série liée à l'entretien que j'ai eu avec Jorge Avila, Directeur Général de la CFB. Trois sont parus au total.





LE DECOR


48 % de sa superficie totale est recouverte de différents types de forêts. Toute cette surface n’est pas en mesure de fournir du bois de qualité bien sûr, mais le pays jouit tout de même d’environ 20 millions d’hectares susceptibles d’approvisionner le secteur forestier.

Les régions d’approvisionnement sont Santa Cruz (la principale), Pando, la Paz, Beni et Cochabamba. Elles constituent les zones où l’on trouve les forêts tropicales dont la plupart font partie de la forêt amazonienne.



Il faut savoir que sur un hectare de forêt tropicale, on peut retrouver facilement 700 essences différentes ! La flore est luxuriante, si bien que 6 mois après qu’une coupe (durable) ait été faite, il est difficile de retrouver où les arbres ont été abattus. 


LA FILIERE FORET-BOIS


Sur les 20 millions d’hectares susceptibles d’approvisionner la filière, seules 10 millions sont aujourd’hui utilisés. 

- 2 M appartiennent aux entreprises forestières privés

- 8 M sont divisés entre les natifs (= indigènes), qui possèdent la plus grande partie des forêts, et les paysans, coopératives et autres entreprises agricoles


La filière forestière ne produit que 10 à 20 % du volume national de bois. Le reste est produit par les indigènes, les paysans, et les coopératives agricoles. De façon globale, les « natifs » tendent apparemment à gérer de manière durable leurs forêts car ils y vivent.

En revanche, les paysans et autres coop agricoles n’ont aucun intérêt à faire de la sélection dans leurs propriétés : ils ont besoin de terres pour faire paître leurs bétails et cultiver leurs céréales. En Bolivie, environ 80 % du bois exporté est illégal.


Terrain déforesté pour l'élevage, aux abords du parc Amboró

Une part très forte de ce pourcentage peut vraisemblablement venir de ces derniers acteurs, et des entreprises forestières qui ne sont pas membres de la « Cámara forestal de Bolivia » (CFB : voir article https://www.debranchesenbranches.fr/post/la-camara-forestal-de-bolivia).



LA POLITIQUE FORESTIERE


Le gouvernement n’acte pas en faveur du développement durable (cf article). En ce qui concerne les contrats de concessions forestières, il favorise la filière agricole dans un premier temps, et les indigènes dans un second. Viennent ensuite les autres acteurs dans un troisième temps.

Beaucoup de décisions politiques ont mises à mal la filière forestière : en 6 ans, 25000 emplois ont été perdus, à cause notamment de lois politiques dures contre les forestiers, au profit de l’industrie agricole. 



LES NATIFS ("INDEGENES")


Ici, le terme natif ou indigène (je préfère le premier terme au second) désigne les peuples qui vivent en forêt, et accessoirement de la forêt.

Ils ont de très petites mais très nombreuses entreprises forestières. Ils travaillent avec les forestiers et entretiennent à ce jour une très bonne relation : les deux parties se rejoignant sur leur conscience environnementale commune.

Auparavant, les relations entre les deux partis étaient mauvaises car l’industrie du bois exerçait une pression psychologique sur les natifs. Souhaitons que le passé reste du passé...



LES ENTREPRISES FORESTIERES ETRANGERES


Il y a quelques entreprises hollandaises, chinoises et japonaises qui sont implantées en Bolivie. Des forestiers hollandais, danois, suisses et allemands sont également présents dans le pays.

Ils aident les boliviens à développer la filière, et effectuent entre autres un travail d’aide au développement durable, d’information, et d’enseignement.



UTILISATION DU BOIS


Le produit phare de l’industrie bois de Bolivie est le revêtement sol, principalement exporté. Plus de 60 pays importent du bois bolivien, notamment Anadenanthera colubrina (Curupaú), ou des Tecks (Tabebuia, appelés localement Tajibo). 

En seconde position on retrouve l’ameublement extérieur, qui est bien sûr un des atouts majeurs des bois tropicaux.

Les portes et les laminées sont en troisième position, avec les bois sciés destinés à l’exportation.

Le marché intérieur semble assez peu développé, sûrement à cause de son manque de rentabilité à comparer du marché d’exportation.


Un des gros points faibles du secteur est l’absence de filière bois papier, ce qui oblige d’importer ce type de produit, du Brésil et de l’Uruguay notamment.



MA CONCLUSION


La forêt bolivienne a un gros potentiel de production. La filière pourrait jouer un rôle intéressant dans l’économie des bois tropicaux, mais le tableau est très grande partie terni par les déforestations et les exports de bois illégaux. 

L’industrie du bois semble jouer un rôle de protecteur des forêts en implantant une gestion durable dans ses concessions. Elle mène une lutte inégale avec les exploitations agricoles qui sont la principale cause de destruction avec les éleveurs. 


On ne peut que louer les actions et le courant de pensée des natifs et des forestiers. Mais que se passera-t-il le jour où la coupe rase sera rentable en forêt tropicale ? 

Il est à supposer que bon nombre de forestiers rejoindront le camp des déforestateurs, si cela leur permet de développer leur économie. Preuve en est qu’en Europe, les exploitants forestiers sont toujours plus avides des coupes rases que des éclaircies dans les sapinières. 

Je n’ai pas eu d’échos d’une probable corruption au sein de la filière mais je pense qu’elle est tout de même présente comme dans nombreux pays « pauvres ». 

Mais ne peignons pas tout en noir, nous n’en sommes pas encore là.


Aujourd’hui la filière forestière bolivienne doit lutter contre le favoritisme du gouvernement, et mériterait d’être mise en avant au niveau international. C’est aux importateurs de bois boliviens de faire des efforts désormais en se fournissant chez des agents responsables. 



Clément L.


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